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Une vie américaine, Paul BELARD poursuit son aventure

20 février 2023 Association
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Nous continuons de découvrir la vie américaine de Paul BELARD et vivre une telle épopée professionnelle nous prouve que Paul a un sacré potentiel pour vivre cela.

Nous imaginons les Etats-Unis comme un pays de cocagne mais nous nous apercevons dans cet épisode que ce n'est pas le cas.

 

S'adapter à cet environnement étatsunien n'a pas été une sinécure, je lui laisse la parole

 

 

"En 1981, je commence mon quatrième job depuis mon retour de l’Armée.

 

Il est à Stanford dans le Connecticut, à plus d’une heure et demie de la maison.

 

Heureusement, quatre autres employés viennent du même secteur que moi et on se retrouve à un endroit afin de partager les trajets. Trois heures par jour sur la route s’il n’y a pas de retards dus au temps, accidents et autres embouteillages, même sans conduire tout le temps, c’est un peu trop. Mais le travail est intéressant. 

 

La firme est une société d’ingénierie et a des contrats importants avec des entreprises américaines. Le plus important groupe de la firme développe les procédés essentiels à la fabrication d’un produit.  

 

Le groupe dans lequel je me trouve sélectionne les équipements nécessaires pour exécuter la création de ce produit. Je touche à tout l’équipement que l’on trouve dans des usines, pompes, ventilateurs, chaudières, groupes froids, compresseurs, tuyauteries, agitateurs, réservoirs, échangeurs de chaleur, etc.

Les projets comprennent :

 

-         la fabrication d’un substitut du sucre, Nutrasweet pour Searle Food Resources.

 

-         fabrication d’un produit pour concurrencer Tupperware pour Dart Industries

 

-         une usine pour produire du monoxyde de carbone et de phosgène pour General Electric.

 

Ce projet m’a toujours intrigué car le phosgène était un gaz utilisé pendant la première guerre mondiale, mais la raison de cette usine est restée un secret.

 

Après deux ans, on entre dans la récession des premières années du président Ronald Reagan.  Dans les périodes d’incertitude, les firmes freinent les investissements. En conséquence, les contrats diminuent. Suivant la règle, dernier arrivé, premier sorti, je me retrouve à la rue une nouvelle fois. 

 

Heureusement, mon chef me recommande à une société de New York qui cherche un ingénieur. Je me retrouve au 98ème étage de la tour du World Trade Center numéro deux.

 

La firme occupe tout l’étage et on a une vue imprenable de 360 degrés sur Manhattan et les régions environnantes.  Fantastiques panoramas, sauf lorsqu’on est au-dessus des nuages !

 

On a alors l’impression de flotter immobile sur un amas de coton. Impression bizarre ! Lorsque le vent souffle, on peut sentir la tour bouger de plusieurs centimètres. Elles ont d’ailleurs été conçues pour cela. 

 

Le travail n’est pas particulièrement intéressant. Je me retrouve à nouveau sur une planche à dessin.

 

Je ne garde pas de bons souvenirs de ce temps. D’abord parce que les heures supplémentaires et elles sont nombreuses, ne nous sont pas payées alors qu’elles sont facturées et perçues par les patrons.

 

Quelles bandes de grippe-sous ! Ensuite, avec la disparition de ces tours un jour de septembre 2001.

 

Ce travail s’achève après deux mois. Un vendredi après-midi, je suis informé qu’il n’est pas nécessaire de revenir lundi sauf si je désire travailler sans être payé ! Un rigolo, mon porteur de mauvaises nouvelles.

 

La semaine suivante, cette même firme me téléphone pour me proposer un job sur une plateforme de forage pétrolier sur le lac Maracaibo au Venezuela pour un séjour d’au moins six mois.

 

Ça me parait une petite aventure intéressante, mais j’insiste sur un retour d’un week-end aux USA tous les mois et l’offre est retirée.  

Cette fois, il me faut un certain temps pour retrouver du travail. Le paradis américain a perdu un peu de son lustre.

 

A nouveau, perte des assurances, et en plus, l’argent mis de côté pour la retraite ne monte pas beaucoup avec toutes ces mises à pied. Mon moral en prend un sacré coup.

 

A un tel point d’ailleurs que je considère même un moment retourner au bercail français. J’ai une ou deux interviews avec des boîtes françaises qui ne se passent pas mal. En fin de compte, déraciner la famille est trop dur.

 

Mon épouse se remet à travailler, chez Michelin d’ailleurs, où elle a toujours des contacts. Seul point positif, plus besoin d’aller faire la queue pour toucher les allocations chômage.

 

Un chèque est maintenant expédié à la maison chaque semaine. Le montant est toujours aussi minable !

Un mois plus tard, je retrouve un poste dans une petite société de consultants. Le lieu de travail ne paie pas de mine, mais un chèque tombe à la fin de chaque mois.

 

Mais il n’est malheureusement pas aussi généreux que les précédents. Le travail est assez captivant et concerne exclusivement des projets liés au chauffage ou à la climatisation de bâtiments. Les projets sont pour la plupart à Manhattan et dans les banlieues proches, des écoles, des hôpitaux, et un genre de HLM appelée Co-op City dans le Bronx. Imaginez cette cité, la plus grande du monde.

 

C’est une ville dans une ville, avec plus de 40,000 résidents dans des immeubles entre 26 et 35 étages, trois shopping centers, six écoles, six garderies, quinze églises, des myriades de bureaux, sa propre police et une caserne de pompiers. Essayez de concevoir la taille des chaudières et des équipements de réfrigération, tous situés dans le même secteur, plus hauts que plusieurs étages. Je ne suis pas grand, mais là, je me suis senti vraiment très minuscule à côté de ces machines géantes !

 

Un projet me permet de visiter l’Académie Navale d’Annapolis. Le projet concerne la salle des chaudières ; jamais je n’ai vu une installation aussi immaculée. Mais L’US Navy est célèbre pour la propreté de ses navires. Ses bases terrestres sont toutes aussi impeccables. 

 

Malgré l’intérêt du travail, les augmentations sont lentes à venir. Estimant que ma rémunération n’est pas à la hauteur du travail fourni, je recommence à éplucher les demandes d’emplois.

 

Après deux ans dans cette petite entreprise, je trouve un poste dans une grande société d’ingénierie à Manhattan, avec une adresse prestigieuse sur Park Avenue. Malheureusement, c’est encore une de ces sociétés qui vivent de contrats et où il faut mentionner un numéro de dossier avec chaque appel de téléphone ou chaque fois que l’on fait une photocopie pour facturer le client concerné.

 

Combien de temps vais-je y rester ?"




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